L’Adieu de Luc
Montagnier
Chère amie, cher ami,
Le Pr Luc Montagnier, Prix Nobel de Médecine, est décédé le 8 février
dernier à 89 ans.
Il y a eu un décalage de 24 heures entre l’annonce faite
par FranceSoir et reprise par de nombreux médias alternatifs, et celle des médias plus
“officiels”.[1]
Et ces derniers étaient un peu vexés.
Par exemple, le média RFI explique :[2]
“L’annonce de la mort de Luc Montagnier, le co-découvreur du virus du
SIDA et prix Nobel de médecine, a mis 24 heures à être prise au sérieux après sa publication par FranceSoir.”
Et l’auteur de ce billet ajoute :
« Penser contre soi-même », on connaît la fameuse phrase de Péguy, (...)
Penser ou plutôt compenser par un travail de vérification et de croisement des sources ses propres préjugés, parfois totalement fondés, mais qui peuvent nous faire
passer à côté de la vérité : c’est sans doute ce qu’il faudra méditer dans les écoles de journalisme à partir de l’annonce de ce décès du professeur Luc Montagnier
par le site FranceSoir.
Je passe sur les journalistes qui estiment que leurs préjugés sont
fondés…
Je croyais naïvement que ce métier reposait sur la restitution des faits.
Visiblement, on n’en n’est plus là…
Car, c’est en effet le site d’information FranceSoir qui, a annoncé le premier le décès de l’une de nos grandes figures médicales du XXe et XXIe
siècle.
Le directeur du journal explique que cela est dû au fait
que FranceSoir était en contact régulier avec le Pr Montagnier et ses proches
collaborateurs.[3]
Les autres médias n’étaient pas, semble-t-il, en contact avec le chercheur
ou ses proches.
Cela dit tout de même quelque chose du fossé qui existe entre la presse
conventionnelle et le monde libre.
Et le Pr Montagnier appartenait résolument à ce dernier.
Un scientifique
surdoué
Le Pr Luc Montagnier a été l’un des 13 prix Nobel de médecine de
France.[4]
Il a passé son bac à 13 ans ! Il est devenu biologiste et virologue et est
entré au CNRS en 1960.
Sa carrière a été exceptionnelle. Il a été Professeur à l’Institut Pasteur
où il a dirigé l’unité d’oncologie virale durant 28 ans, de 1972 à 2000. Il était membre de l’Académie des sciences et membre de l’Académie de
médecine.
Il a été Professeur et directeur du Centre de biologie moléculaire et
cellulaire au Queens College de l’université de la ville de New-York, puis a dirigé un institut de recherche à l’université de Jiao-tong de Shangaï.
Il a reçu en 2008 le Prix Nobel de médecine pour avoir co-identifié en 1983
le virus responsable du syndrome immunodéficitaire acquis, c'est-à-dire le SIDA. Cette maladie était apparue deux ans plus tôt au sein de la communauté
homosexuelle.
Il s’est passionné pour la recherche sur les infections dites “froides” ou
chroniques telles que la maladie de Lyme, sur laquelle il a travaillé avec le groupe Chronimed. Ce groupe réunit près de 200 scientifiques et médecins sans
conflits d’intérêts avec l’industrie pharmaceutique.
Un chercheur innovant et
original
Sud Radio a rendu un bel hommage à Luc Montagnier en interviewant deux
personnes qui ont suivi son parcours à différents moments clés de sa carrière :
-
le Pr Didier Raoult, qui
travaillait déjà sur les maladies infectieuses au moment de la découverte du SIDA ;
-
et Xavier Azalbert,
Directeur de FranceSoir, qui l’a accompagné médiatiquement à la fin de sa vie de chercheur.[1]
Didier Raoult explique que la découverte du SIDA par Luc Montagnier ne doit
rien au hasard.
Selon lui, c’est l’esprit “fantasque” et “particulier” de Luc Montagnier qui
lui a permis de pousser plus loin la recherche sur les rétrovirus et, chemin faisant, de faire tomber l’un des dogmes centraux de la biologie moléculaire sur
l’impossibilité pour l’ARN de se transformer en ADN.[3]
Luc Montagnier fait partie des scientifiques qui ont établi un lien entre
virus et cancer. Il a notamment travaillé sur ce que l’on a appelé les “oncornavirus.”
Ce sont des virus à ARN qui peuvent déclencher le cancer dans une
cellule.
Avoir ouvert ce chemin de recherche constitue en soi un apport considérable
à la science !
Le Pr Raoult rappelle ensuite le contexte tendu dans lequel la découverte du
virus du SIDA s’est faite.
Il y a eu une guerre d’influence avec les Américains à ce moment-là, qui
s’est calmée après qu’un accord financier sur les brevets liés à cette découverte eut été trouvé entre la France et les Etats-Unis.
Les recherches de Luc Montagnier sur l’ARN des virus intéressaient bien des
parties prenantes ! Pour beaucoup d’industriels, ces travaux n’avaient rien de fantasque.
Et 40 ans plus tard, le sujet est plus que jamais d’actualité !
Son talent, et ses découvertes, ont suscité autant la fascination que la
jalousie.
Didier Raoult rappelle par exemple que de nombreux financements de
l’Institut Pasteur venaient des brevets déposés par Luc Montagnier et son équipe ainsi que des héritages de familles prestigieuses.
La poursuite des travaux de Jacques
Benveniste
Les médias et un certain nombre de scientifiques reconnus se sont détournés
des travaux de Luc Montagnier lorsque ce dernier s’est passionné pour le travail de Jacques Benveniste, qu’il a “repris et étendu” selon ses propres
mots.[5]
Ce dernier était chercheur à l’INSERM, spécialiste des allergies et
découvreur du facteur cellulaire de l’inflammation. C’était un chercheur réputé, pas très loin sans doute de décrocher un prix Nobel, jusqu’au jour où il s’est
intéressé aux hautes dilutions.[6]
Il s’est rendu compte que les dilutions successives d’une substance dans un
volume d’eau laissent une “trace”, même lorsque la substance n’est plus présente dans l’eau.
Il s’agirait d’une onde électromagnétique laissée par la
substance.
Les travaux de Luc Montagnier ont permis de montrer qu’il était possible
d’enregistrer, dans des hautes dilutions d’eau, des radiations venant de l’ADN de virus et de bactéries.
Pour lui, dans un certain nombre de maladies comme Alzheimer, l’autisme,
Parkinson ou la sclérose en plaques, on peut mesurer ce type de radiation démontrant que les virus joueraient un rôle important dans l’apparition de ces
maladies. [7]
Ne faut-il pas voir, dans cette théorie, la continuité de ses travaux sur le
cancer et le SIDA ?
Jean-Yves Bilien a produit et réalisé un film/interview avec Maxence Layet,
journaliste scientifique qui explique plus en détail cette théorie.[8]
L’idée générale est que nous sommes entourés d’ondes sur lesquelles il est
possible d’avoir une influence.
Ainsi les virus, les bactéries, les organes, comme le cerveau lui-même,
émettent des ondes.
Si on parvenait à interagir positivement avec ces ondes, on pourrait mieux
soigner les patients mais aussi révolutionner l’agriculture et la biologie. À l’inverse, les interactions négatives détruiraient la santé.
Luc Montagnier pensait que les polémiques suscitées par ces recherches
finiraient par être dépassées. Il était persuadé que ses recherches seraient confirmées et trouveraient de multiples applications au
quotidien.[8]
Pour y parvenir, le scientifique a construit avec de nombreux collègues un
réseau d’experts en Suisse, en France, en Italie et en Chine notamment qui poursuivent ses travaux. [8]
Si Luc Montagnier a vu juste, la pollution électromagnétique provoquée par
la mise en place de réseaux d’antennes téléphoniques et Internet, qui provoquent une exposition permanente aux ondes, pourrait être l’un des grands enjeux de santé
du XXIe siècle.
Pollution environnementale, autisme et
vaccination
Les travaux de Jacques Benveniste, poursuivis par Luc Montagnier, pourraient
à terme constituer une base théorique solide pour expliquer comment fonctionne l’homéopathie.
Toutefois, cette médecine est aujourd’hui violemment contestée par une
partie des médecins, même si les patients qui l’expérimentent sont généralement satisfaits des résultats obtenus.[9]
Cette haine de l’homéopathie a nourri les critiques formulées à l’égard de
Luc Montagnier par une partie de la presse officielle, notamment du journal Le
Monde.[10]
Mais ce sont ses propos sur la vaccination qui ont suscité le plus de
réactions hostiles à son égard.
Certains médias disent même que Luc Montagnier était antivax, ce qui est
tout simplement faux.[11]
Je l’ai entendu prendre la parole sur la question de l’autisme, notamment
lors d’un très beau congrès organisé par Senta Depuydt et Olivier Soulier en 2016.[12]
Luc Montagnier soulignait le risque général lié à la dégradation de
l’environnement extérieur sur le corps humain, qui, selon lui, jouait sur la progression spectaculaire de l’autisme ces 20 dernières années.[13]
Pour lui, les ondes, les pesticides, la pollution aérienne et peut-être les
vaccins ou l’excès de vaccination pouvaient jouer sur la santé des humains et notamment des bébés.[13]
Ces propos posés, formulés avec prudence et à la manière d’une hypothèse ont
été mal-interprétés et mal accueillis.
Car le débat scientifique, surtout lorsqu’il s’agit des vaccins, est
aujourd’hui complètement biaisé par le dogmatisme de certaines corporations et les intérêts économiques de beaucoup d’autres.
Cela ne veut pas dire que le Pr Montagnier avait raison sur tout. Mais il y
a eu un décalage totalement disproportionné entre ses prises de position et l’hostilité qu’elles ont suscitées.
Visionnaire sur le covid
19
Malgré son âge avancé, Luc Montagnier continuait à participer activement aux
recherches et aux débats de son temps.
Au début de l’épidémie de coronavirus, il a émis l’hypothèse que le virus
avait été créé en laboratoire et que l’ADN de ce virus contenait des séquences du virus du SIDA.[14]
L’hypothèse a été, dans un premier temps, moquée et rejetée par les
médias.
Aujourd’hui, elle fait partie des hypothèses officielles étudiées avec le
plus grand sérieux par les grandes agences sanitaires américaines… [15]
Un homme courageux, audacieux, souriant et
optimiste
Je n’ai connu le Professeur Montagnier qu'à la fin de sa vie et je ne l’ai
croisé que deux ou trois fois lors d’événements consacrés à la santé.
Je ne le connaissais pas personnellement.
Mais je l’ai vu et écouté. Luc Montagnier prenait le temps de répondre aux
questions du public. Il était pédagogue et souriant.
Il semblait heureux d’être là en toute simplicité.
En conférence ou en interview, il souriait toujours avant de répondre à une
question et il ponctuait ses réponses de “n’est-ce pas ?”, comme s’il donnait un peu de temps
à son interlocuteur de digérer ce qu’il venait de dire.
Car ses approches, ses hypothèses, ses pensées pouvaient
surprendre.
Il procédait par association d’idées, passant de la biologie à la médecine,
utilisant la physique et les mathématiques pour étayer ses théories.
Il s’est attaqué à des trous noirs de la pensée scientifique où il fallait
bien essayer de faire un peu de lumière.
Toute sa vie, il a cherché à faire sortir ses semblables des cavernes où ils
habitent pour aller découvrir de nouveaux pans de la connaissance et de la science.
Son optimisme s’est du reste traduit dans les faits.
Il laisse derrière lui de nombreuses pistes ouvertes de recherche et des
équipes motivées et liées entre elles pour mener à bien ces travaux.
Luc Montagnier n’a pas dit son dernier mot !
Naturellement vôtre,
Augustin de Livois
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